GOA : LES MEILLEURES ADRESSES à CONNAîTRE EN INDE

Jeanne Pouget fait partie de ces âmes libres réfractaires au quotidien figé. M'ayant confié un jour, que si la plupart des gens rêvaient de CDI et d'une vie de bureau stable, cela, au contraire l'angoissait tout à fait. Curieuse de tout, journaliste de profession, elle préfère plutôt découvrir le monde, selon ses envies du moment, des îles d'Indonésie au Mexique, en passant par l'Inde. Un pays dont elle a développé un attachement particulier, sachant qu'elle est aussi professeur de yoga et théoricienne du genre (amenée donc à s'y rendre régulièrement pour sa pratique). Des périples qui lui soufflent l'envie de partager ses réflexions profondes et de lever le voile sur certaines dérives contemporaines sur son blog Citta Vritti (fondée aux côtés de Zineb Fahsi), quant elle n'écrit pas pour Esprit Yoga ou ne participe pas aux podcasts Arte sur le sujet. Grande habituée de Goa, voici l'occasion de lui demander ses meilleures adresses à travers la cité balnéaire indienne.

Goa, ville iconique de l'Inde dans les pas de Jeanne Pouget

Quand as-tu découvert Goa?

Jeanne Pouget. Je suis allée à Goa pour la première fois en 2017. C’est une destination qui flottait dans mon imaginaire depuis toujours car très associée à la période hippie des années 70, “peace and love”, à la spiritualité et à la musique “trance Goa” : une époque à laquelle j’aurais souhaité vivre si je disposais d’une machine à remonter le temps. Donc aller à Goa c’est comme un pèlerinage pour rencontrer mon moi d’une autre époque.

Goa en 3 mots?

Orange : c’est la couleur de la terre ocre charriée par le vent qui teinte l’air de Goa d’un filtre rétro et d’un grain poussiéreux. C’est comme poser une lentille Kodak sur la réalité. Luxuriant : la nature est très présente à Goa avec la jungle, les palmiers, les oiseaux. Parfois on se croirait dans une cité ensevelie. Le Livre de la Jungle est tiré d'ailleurs tiré de fables indiennes. Multiculturalisme : à Goa on rencontre des gens du monde entier, des indiens de tous les états et l’identité goanaise est elle-même hybride, fortement teintée de christianisme en raison de la colonisation portugaise qui a duré près de 450 ans.

Ta relation avec le lieu?

Ambiguë ! Quand je suis venue pour la première fois, je n’ai pas retrouvé l’atmosphère Seventies que j’étais venue chercher (rien de surprenant puisque 40 ans s’étaient écoulés …). Ça m’a confronté à mes fantasmes utopiques un peu naïfs. Mais en revenant et en prenant le lieu pour ce qu’il est plutôt qu’en y plaquant mes attentes je l’ai bien plus apprécié.

Ton meilleur souvenir?

Le spectacle des plages au coucher du soleil un peu brumeux, avec les bateaux de pêche échoués sur le sable, les vaches qui déambulent et une odeur d’encens qui flotte. C’est une scène très particulière pour les cinq sens. Il y a vraiment une identité du coucher de soleil goanais, comme une boule de feu qui tombe dans la mer d’Arabie, toujours de la même manière et à la même heure. On pourrait trouver ça sans surprise ou répétitif ; pourtant c’est comme retrouver chaque jour un vieil ami fidèle, c’est rassurant et ça contraste avec l’image chaotique de l’Inde où rien ne se passe jamais comme prévu.

Ton ou tes coffee shops préférés?

Garden of Dreams à Arambol qui porte bien son nom pour son atmosphère hors du temps, la musique live, l’aspect communautaire. Le café Artjuna à Mandrem est aussi très prisé.

La meilleure adresse à l'heure du petit-déjeuner?

J’adore les petits déjeuners simples dans des restaurants locaux en bambou construits en hauteur ou le long de la route. Par exemple déguster des paratha (pain plat) à la pomme de terre ou au fromage et trempés dans du yaourt et des pickles (si votre estomac vous le permet). Le tout avec un thé masala bien relevé. On trouve cela partout, prêt en quelques instants, économique et très satisfaisant.

Goa est réputée pour être précurseuse en terme de yoga et de spiritualité, quels les lieux que tu as visité et qui t'ont bluffé dans ce domaine? Pourquoi les gens viennent faire du yoga à Goa en particulier ?

A vrai dire il n’existe pas d’ashram traditionnel ou de lieu d’études à Goa comme il peut y en avoir à Mysore, Pune, Rishikesh ou encore à Mumbai par exemple. Goa est une destination touristique avec plein d’offres de cours très accessibles, principalement à destination des occidentaux en vacances ou de professeurs établis là-bas une partie de l’année. Les gens viennent du monde entier pour y faire des formations courtes ou stages intensifs afin d’être à la source (en Inde) mais dans un cadre plus décontracté et permissif que dans le reste du pays (vis-à-vis de l’accoutrement ou de l’alcool par exemple). C’est aussi un haut lieu d’expérimentation de thérapies alternatives, avec un fort attrait New Age. Je pense que ce qui attire les gens ici c’est le côté “liberté” et expérimental.

Des cours de yoga à recommander ?

A Arambol, les aficionado du yoga traditionnel se pressent chez Balu Astanga, une salle de yoga où l’on accède en traversant un restaurant chinois et donnant directement sur la rue principale sans fenêtres (avec les odeurs de cuisine et les bruits des moteurs et des klaxons pour environnement principal). On y vient pour l’enseignement très épuré et strict de Balu Thevar, un indien établi ici depuis longtemps et qui enseigne dans la lignée du maître Krishnamacharya. On apprécie la précision de son enseignement, droit au but et sans fioritures, très “à l’indienne”. Par ailleurs, j’ai apprécié découvrir les cours de Hatha traditionnels de Yogiraj au centre Purnam à Agonda, plutôt avec un focus énergétique “kundalini”, beaucoup de pranayama, de mantras et de philosophie. Les sound meditation en fin d’après-midi m’ont transporté.

Une promenade à recommander ?

Louer un deux-roues pour visiter le vieux Goa (classé au patrimoine mondial) et ses multiples églises, la capitale Panjim au centre ville très coloré et piéton, avant de s’enfoncer dans les terres le long de la rivière Mandovi et ses affluents, entre îlots, temples et ses grandes maison colorées, parfois abandonnées, dans la jungle. Dans ce coin, Chorao island est le lieu le plus calme de l’Inde où je sois allée.

Un restaurant à l'heure du déjeuner?

Le café Prana à Mandrem pour un brunch directement les pieds dans le sable et vue sur la mer. Sinon, le café Zest situé à Talpona Beach, pour l’aspect cocon secret (et options véganes).

Une adresse shopping?

Geeta Creation à Agonda. Nous avons acheté tous nos vêtements là-bas avec mon amie cette année, le rapport qualité-prix y est excellent. Les vêtements mélangent les imprimés très colorés d’inspiration rajasthani (nord de l’Inde) avec des coupes occidentales (robes, jupes, top, vestes etc). Et Geeta est de bons conseils car il est parfois difficile de faire des choix face à son offre pléthorique. Par ailleurs, j’adore acheter de la vaisselle quand je voyage alors cette année j’ai ramené un plateau et des verres en métal peints à la main très colorés, importés du Cachemire. On en trouve tout le long de la route entre Agonda, Palolem et Patnem. Chaque vendeur a ses couleurs, ses motifs, ses formes … Il ne reste plus qu’à choisir (et à marchander).

Une spécialité culinaire propre à Goa?

Le thali au poisson, souvent du maquereau, grillé et bien épicé. Mais aussi le curry au poisson. L’option végétarienne est bien sûr disponible partout.

La plus belle plage?

On dit que les plages du Sud sont plus agréables. Cette année j’ai apprécié passer du temps à Agonda connue pour la nidification des tortues. C’est une plage tranquille, propre, à échelle humaine, avec une offre large de restaurants, de magasins locaux, de cours de yoga et de méditation sans que cela soit étouffant ou caricatural. Pour s’évader, les plages quasi désertes de Kakolem ou Tapola se situent non loin.

La plus belle vue selon toi?

La vue depuis Arambol mountain vers 18h : un point de vue imprenable sur la longue plage, la fumée qui sort de la jungle, les huttes colorées, les vagues ourlées.

Ton adresse touristique préférée?

Ashiyana, l’un des premiers centres de retraite de yoga et de bien-être établi au nord de Goa, dans les mangroves de Mandrem. C’est un labyrinthe paisible dans la nature où l’on trouve trois piscines cachées, de magnifiques shala (salles de yoga), un buffet indien végan et sans gluten excellent (un exploit qui mérite d’être souligné) et des cours de yoga plusieurs fois par jour. C’est une bulle ressourçante et raffinée bien connue des professeurs de yoga qui y organisent leurs retraites. Il peut être tentant d’y rester caché! Mais essayez quand même d’en sortir pour explorer les multiples facettes de Goa.

Un coin de Goa méconnu ?

Souvent les visiteurs restent cantonnés à la côte de Goa et à ses plages, c’est passer à côté d’une partie du charme que la région a à offrir ! Le village d’Assagao est un peu le repère chic de Goa Nord, secret bien gardé dans les terres mais non long loin de la côte. On y trouve une toute autre ambiance, très calme et reposante, des villas coloniales très bien conservées, de nombreux restaurants délicieux. Il abrite d’ailleurs le confidentiel centre de yoga Purple Valley, qui accueille les grands noms de l’ashtanga à l’international pour des retraites intensives dans un cadre traditionnel sublime.

Un restaurant où dîner?

Tamil Table à Assagao pour changer un peu grâce à la cuisine tamoule voisine (sud-est de l’Inde). Situé dans une maison portugaise typique avec son toit en tuiles et ses terrasses, le restaurant sert des plats typiques cuisinés comme à Pondichéry dans des plats en bronze ainsi que de délicieux cocktails signature (avec ou sans alcool).

Un conseil pour Goa ?

"The cheapest is (often) the best” ("le moins cher est (souvent) le mieux" en français). Goa est une destination chère comparée au reste de l’Inde même si avec nos yeux d’occidentaux en vacances on a tendance à trouver tout très bon marché. Je conseille de privilégier les adresses locales typiques et simples, que ce soit pour manger, acheter des souvenirs et même faire du yoga! Ce n’est pas parce que vous payez plus cher que ça sera mieux, c’est même souvent le contraire. L'authenticité se situera plutôt dans la simplicité et l’accessibilité. Par ailleurs, l'ambiance de Goa Nord (festive, alternative) est très différente de Goa Sud (détente, calme), il y a un peu “deux team”, à vous de choisir la vôtre.

Pour qui ou pour quoi traverserais-tu Goa?

Cela vaut le coup de s’enfoncer pleinement dans les terres jusqu’au Tambdi Surla : temple shivaïte du 13e siècle dans la jungle avant d’aller plonger à quelques kilomètres de là dans les chutes de Dudhsagar, des cascades sur 4 niveaux.

Un bar ou boire des verres?

Tant que je trouve un lieu qui fait de bonnes pina colada les pieds dans le sable, je suis contente. Cette année j’ai bien aimé Serenity à Agonda. L’alcool local c’est le feni (à base de noix de cajou), dont ils proposent un cocktail avec du jus de litchi, super bon! Et quand l’ambiance des terrasses parisiennent me manque, le bar de Kopi Desa, qui donne directement sur la rue et permet de commenter ce qu’il s’y passe.

Où sortir danser?

Si vous aimez l’ambiance psytrance, tribal fusion (qui sont un peu les musiques emblématiques de Goa) ou reggae, il y a le Hill Top en plein air du côté de Vagator. Mieux vaut y aller le dimanche en pleine saison (entre décembre et février) pour voir un artiste que vous appréciez et sentir ainsi pleinement l’ambiance festival à la Ozora, body painting et scénographie psychédélique. Sinon Arambol beach est réputé pour ses ecstatic dance, sur la plage ou dans des lieux alternatifs comme à Secret Paradise par exemple.

Qu'est-ce qu'on ne trouve qu'à Goa?

Avec la mousson, de nombreuses constructions éphémères sont détruites chaque année, laissées à l’abandon par les saisonniers. Avant d’être reconstruites, ou pas, ou ailleurs, ou différemment, l’année suivante. Quand on part on ne sait pas ce que l’on va retrouver l’année d’après. Mieux vaut donc apprécier le moment pour ce qu’il est et ne pas attendre de retrouver la même expérience dans le futur. Peut-être que oui. Mais peut-être que non. Ou bien autrement.

Tes prochains projets?

Des formations de yoga, des articles pour mon blog et peut-être un documentaire!

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