TOURISME EN FRANCE : LE CHARME DU « DéSERT LANDAIS », DE VIELLE-SAINT-GIRONS À MIMIZAN

Le « désert landais », cette côte sauvage au nord d'Hossegor, autrefois désertique, regorge de petites stations qui cultivent jalousement leur caractère, entre océan et forêt. Le ruban d'asphalte de …

Le ruban d'asphalte de la départementale déchire en ligne droite l’épaisse forêt de pins maritimes. On respire à pleins poumons l’odeur des résineux, mélange sucré et boisé. Au bout de la route, l’océan et la côte sauvage du nord des Landes. Une promesse de grand air et d’espace. Cette partie du littoral, de Vielle-Saint-Girons à Mimizan, longtemps surnommée le « désert landais », reste bien moins urbanisée que le sud du département, de Capbreton à Hossegor, mondialement réputé pour ses spots de surf. Moins connues, les petites stations balnéaires de Contis-les-Bains et de Mimizan-Plage deviennent à leur tour tendance, mais loin des foules, et dans un esprit bien plus détendu.

Contis, un décor de Western

Du sable dans la rue principale et des maisons en bois… le village ressemble à un décor de western-spaghetti. Pas de cow-boys pourtant, mais des surfeurs, pieds dans le sable ou juchés sur leur fat bike (vélo à grosses roues). La plage s'étale à perte de vue, juste derrière la dune. Avant de s'élancer à l'assaut des vagues, certains s'offrent une pause déjeuner à La Cabane, une paillote sur le front de mer, pendant que d'autres y installent leur poste de télétravail. Au loin, des enfants prennent des cours de surf entre deux baïnes, ces cuvettes d'eau prises entre les bancs de sable où se forment des courants redoutables.

Alain Strozyk, qui dirige l'école de surf Max Respect, surveille et raconte : « L'esprit de Contis s'est forgé autour d'une bande de surfeurs locaux et australiens dans les années 70 et 80. Mais loin du business du surf qui a envahi le reste du littoral, le village est demeuré un spot confidentiel. » Quand les vagues ne sont pas au rendez-vous, Alain propose de découvrir en paddle le courant qui se jette dans l'océan. Regard fixé droit devant, corps bien gainé, on glisse sur l'eau calme dans un décor de petite Amazonie avec l'embouchure et le coucher de soleil en ligne de mire. Il faut ensuite rejoindre les locaux sur la terrasse du Surf House pour l'apéro, avant de dîner en musique chez Dan et de terminer la soirée à La Royale avec une glace.

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Les maisons des résiniers

Si Contis a su résister à l'urbanisation galopante de la côte, le village est aujourd'hui en vogue et les prix de l'immo­bilier, comme partout sur le littoral du Sud­Ouest, ont explosé. Il y a d'ailleurs peu de maisons… Il sufft de grim­per les 184 marches du phare noir et blanc, le seul de toute la côte landaise, pour découvrir, entre Contis et Uza, plus de 2 000 hectares de domaine forestier. Ils appartiennent aux marquis de Lur Saluces, une famille de la vieille noblesse girondine qui compte bien préserver ses terres ancestrales de l'appétit des promoteurs. Engagés dans la préservation du patrimoine, les Lur Saluces ont fait restau­rer les trois maisons du domaine d'Uza, avec briquettes, poutres et colombages.

On y trouve encore les pots en terre cuite autrefois utilisés pour le gemmage, la récolte de la résine. Isolées dans la forêt, ces anciennes habitations de résiniers ont été transformées en gîtes (à partir de 110 € par jour pour 6 personnes). Plus proches de la plage de Contis, la Maison des Pins et la Maison des Dunes (à partir de 88 € la nuit pour 4 personnes, lous­seurrots.com) ont été pensées comme de luxueux chalets où l'on peut s'isoler en famille ou entre amis. Mais pas question de devenir le Cap­Ferret. Ici priment la « cool attitude » et le vélo !

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Embruns et chlorophylle

D'ailleurs, rejoindre Mimizan à bicyclette à travers la plus grande forêt artificielle d'Europe est un incontournable. Diffcile d'imaginer qu'au xixe siècle la région était surnommée le « Sahara français », avant que Napoléon III y fasse planter des pins pour assécher les marais. Aujourd'hui, c'est l'un des plus beaux tronçons de La Vélodyssée, cette piste cyclable qui va de Roscoff, en Bretagne, à Hendaye, au Pays basque. On reconnaît ceux qui la suivent aux lourdes sacoches accrochées à leur porte-bagages. Mais nul besoin de parcourir tout le tracé pour s'oxygéner.

A chaque kilomètre, des chemins pare-feu, longues travées de sable perpendiculaires au rivage, permettent d'accéder à la plage. Celle de Lespecier est l'une des plus sauvages. Plus au nord, la réserve biologique de la Mailloueyre, gérée par l'Offce national des forêts, propose un sentier d'interprétation pour comprendre le rôle du cordon dunaire et l'importance de le protéger de l'érosion. Passé la plage Sud, nous voilà sur le pont qui enjambe le courant de Mimizan. Autrefois vagabond, il a été stabilisé en 1872 pour permettre l'arrivée du chemin de fer en 1908, prélude à l'essor du tourisme.

Mimizan, la perle de la côte d'argent

Au début du xxe siècle, toute la bonne société se presse à Mimizan-les-Bains pour ses thermes et son casino. En 1911, le duc de Westminster, l'homme le plus riche d'Angleterre, tombe amoureux de la région et fait construire le château de Woolsack sur les berges du lac d'Aureilhan. Winston Churchill, Salvador Dali, le roi d'Espagne, Charlie Chaplin… tout le gratin vient assister à des fêtes somptueuses. Coco Chanel surtout, la maîtresse du duc, qui, de 1924 à 1930, louait la Colonie du Pylône pour ses mannequins et ses « cousettes » (couturières). La maison est toujours là, rue de la Poste, mais c'est le monument de la plage des Ailes qui attire le plus de visiteurs. Il commémore l'atterrissage forcé de l'Oiseau Canari le 16 juin 1929, le premier vol français à avoir traversé l'Atlantique nord sans escale après l'aviateur américain Charles Lindbergh.

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Des créateurs très nature

Aujourd'hui, Mimizan est davantage célèbre pour son ambiance et les petits créateurs qui accompagnent son renouveau. Dans son concept store Ideon, l'illustratrice Hélène Broustey dessine et fabrique sa collection de papeterie et d'objets de décoration (coussins en coton bio, bougies à la cire naturelle…). De leur côté, Bérengère Héliot et Laurent Harosteguy fabriquent des pochettes écoresponsables Loopita : sacs à chaussures, trousses de toilette, poches à maillots de bain… Une démarche que suit aussi Matthieu Bouyssy dans son surf shop, L'Alternative. On y trouve des combinaisons en Néoprène à base de coquilles d'huître et d'autres matériaux recyclés, des tongs en latex, de la cosmétique bio…

On peut même y rapporter sa combinaison et sa planche de surf usagées pour les recycler. Une approche zéro déchet que Benoît Emasabal associe à la fabrication de ses skateboards Parabolik en bois de pin local. Lui aussi les récupère en fin de vie. Mais nul besoin de tenir debout sur une planche pour tester les mobilités douces et partir à la découverte de Mimizan. Thierry Lefebvre a inventé la Tchanquaroue (à partir de 12 ans, 29 € de l'heure, nomad-e.fr), une trottinette électrique avec des roues XXL spécialement conçue pour s'adapter aux chemins sablonneux recouverts de garbaye, le nom gascon des tapis d'aiguilles de pin. On glisse en silence le long du lac et du courant jusqu'à l'océan et on se laisse porter par le « flow », ce sentiment d'être en accord total avec la nature.

J'y vais !

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