À PARIS, UN APPARTEMENT COMME UN PETIT CHâTEAU DANS UN HôTEL PARTICULIER

Une perte de repères volontaire

Les repères s’estompent entre les murs de cet appartement situé à l’étage noble d’un hôtel particulier. Nous sommes dans le IXe arrondissement de Paris, dans l’ancienne demeure d’une demi-mondaine - comprendre une cocotte, à l’époque - dont les semblants d’une vie débridée ont inspiré l’architecte d’intérieur. « Les propriétaires nous ont donné carte blanche, j’ai entièrement décloisonné l’espace avant de puiser dans l’imaginaire de cette demi-mondaine » nous confie Maxime Bousquet qui livre le projet au terme d’un an de chantier.

Les 80 mètres carrés de ce pied-à-terre haussmannien sont revus du sol au plafond, les moulures retirées ou remaniées, les parquets entièrement refaits. Dans ce salon où une cheminée vintage d’inspiration Moyen-Âge, avec ses figures de moines sculptées dans la pierre, cohabite avec une banquette en velours de la Nilufar Gallery, la toile Abracadabra de l’artiste Tanja Nis-Hansen donne le ton : difficile de dater l’atmosphère se dégageant de l’intérieur, presque mystique. Maxime Bousquet confronte les influences plurielles. Les fils rouges se délient, à l’image de l’utilisation du parchemin sur la table de salle à manger ou sur le mini-bar dont l’intérieur est étrangement paré d’un jeu de miroirs, des murs patinés revêtus de couches et de couches de teinture et de poudre d’or.

Matière(s) puissante(s) et fonctionnalité

Pour ce couple de voyageurs, l’architecte n’hésite pas à théâtraliser les lieux ; le coin bureau installé face à un bow-window devient partie intégrante dans la chambre parentale une fois que les rideaux fauves sont tirés. Comme dans une suite d’hôtel, Maxime Bousquet distingue l’espace nuit du reste de la pièce à l’aide d’une stèle en marqueterie de paille. On y retrouve l’un des leitmotivs de l’appartement, un motif ondulant rappelant le mouvement de la houle à la fois sur la tête de lit en velours mais aussi sur le lustre en fer forgé des années 1950 jusqu’au décor de la cuisine. Faite de travertin persan aux tonalités pourpres, elle illustre l’un des penchants de l’architecte qui se plaît à jouer avec ce matériau au gré de ses différents chantiers.

« J’ai choisi de poser une crédence très haute pour sublimer la puissance des matériaux » poursuit Maxime Bousquet avant d’expliquer comment il a retravaillé la loupe attenante de sorte à lui offrir une teinte début de siècle, semblable à de l’acajou. D’ailleurs, celui qui n’a pas peur de mélanger les touches chromées au laiton, n’en déplaise aux détracteurs, aime les associations inattendues. « Dans cette cuisine, la matière particulièrement riche évoque le passé tandis que le dessin du travertin et la ligne du plan de travail sont minimales » dit-il avant de conclure : « C’est la matière seule qui parle. » Bingo.

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